par Marie-France OCHSENBEIN
poème
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Rictus fruitier
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A la renverse
par Marie-France Ochsenbein
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Crit'Air
Des petites vignettes autocollantes colorées
Mode dernier cri, ou plutôt dernière innovation
De notre ministère de l'Environnement préféré
Pour lutter férocement contre madame Pollution.
Eh oui ! encore 4,18 euros pour avoir l'autorisation
De rouler dans les grandes villes de notre nation
A condition qu'après tirage au sort sous huissier
Votre chiffre sorte vainqueur du panier.
Pour les plus pauvres, comme d'hab. pas de chance,
Changez de voiture avec ou sans finance,
Pour les autres pas de réjouissance, juste un sursis.
Ouf, pas de dépenses imprévues pour aujourd'hui.
Alors pour sauver l'environnement avec efficacité
Il faut toujours privilégier un piège à cons bien rodé.
Marie-France Ochsenbein
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Presqu'au bout du rouleau
Pourquoi "presque" me direz-vous ?
Eh bien, parce qu'il n'en reste qu'un petit bout
Mais si, vous savez très bien de quoi je veux parler,
De la petite feuille laissée anonymement dans vos WC.
Certes, il aurait pu vous laisser au bout du rouleau
Dans l'enfer de la gestion de votre dépôt,
Mais c'eût été pour lui moins amusant
Que de vous imaginer presqu'impuissant.
Pour vous en sortir à peu près avec les honneurs,
Il va falloir faire preuve de méthode et de rigueur
Prendre le problème à bras-le-corps,
Vous démener sans relâcher vos efforts.
Bien entendu il est totalement illusoire
De penser pouvoir rééduquer ce petit pervers notoire.
Alors, un petit conseil : restez toujours vigilants
Et planquez un petit rouleau quelque part discrètement.
Marie-France Ochsenbein
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Revue de presse BD (163)
Illustration de Placid, artiste modeste.
+ Chroniqueur radio, Yassine est notamment spécialiste des fanzines BD ; il a enregistré une émission de radio en direct du festival du fanzine branché organisé chaque année à la médiathèque Duras. Au cours de cette émission, que l'on peut écouter (en podcast), Yassine converse avec Capitaine Caverne et Placide, abordant leur thème préféré : les fanzines des années 80. Tout le monde s'accorde à dire que l'internet a pas mal changé la donne en matière de fanzines. Placide rappelle aussi que la plus grande fierté consistait alors à voir son nom ou celui de son fanzine cité par le caricaturiste Willem, qui tint une chronique dans "Charlie-Hebdo" et "Libé" dédiée à ces publications discrètes.
En prime on peut écouter au milieu de l'émission un poème dit par feu le Pr Choron : "Ah, se branler un soir sur un toit par un soir de grand vent, etc."
+ Petit reportage vidéo consacré à Sardon, tampographe pour rire et pour gagner sa vie à Paris de façon aussi indépendante que possible contre le cimetière (du Père Lachaise). Brièvement V. Sardon explique son métier.
+ De l'usage de "Charlie-Hebdo" par les mass-médias : Coco et Riss sont sur le plateau du "Grand Journal" de "Canal+", traités comme des vedettes, pour y raconter leur vie après l'attentat. On est un peu gêné d'entendre Riss déclarer qu'il entend continuer son "combat politique" ; en effet la ligne politique de "Charlie-Hebdo" et de Riss est on ne peut plus floue pour le lecteur ; soutiennent-ils, par exemple, le gouvernement et le ministre de l'Intérieur qui mettent à leur disposition une protection policière ? Ou se moquent-ils de ce gouvernement comme des autres ? Plusieurs décennies d'exercice du pouvoir par la gauche en France ont usé la "satire de gauche" - sans doute pas au point de voir un "humour de droite" émerger, mais en termes de "politiquement correct", "Charlie-Hebdo" n'a plus rien à envier au quotidien d'Eric Zemmour et Serge Dassault.
+ "Juin" est une des nouvelles recrues de "Charlie-Hebdo", qui signe le dessin ci-dessous :
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Le Miroir aux Alouettes
Princesse comme le jeu
Reine des casinos à roulette
Pansement - plaie aux blessures ouvertes
Régime ducal ou princier des anciens jours heureux
Voilà comment ils m'ont appelée
Et aujourd'hui je n'ai plus le cœur qui bat la campagne
Aussi refroidie
Que la cendre des cigarettes de mon amoureux
Joueur qu'il était
Batteur de cartes
Tricheur sous table
Devineur de dés contre - courant au hasard
Les jours ouvrables
C'est moi qui ai tout perdu
Ma seule fortune était bâtie
Sur le mauvais terrain
Sentimental
Terrain du cœur
Qu'il ne faut jamais jouer au jeu
Où l'on sait qu'on ne gagnera pas
Ô la mise infinie
Sur laquelle il n'aurait pas dû compter
Qu'on joue avec les objets
Usables maniables consommables
Des murs des briques yatch goélette ou manoir
Mais ne jouez pas avec les châteaux qu'on fait en Espagne
Ne jetez pas sur le tapis
L'appât vivant d'une existence
Poème de Bertrand Demagny, illustration d'Aurélie Dekeyser
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Poésie
Dans les monts l'été de ma main tendit la fleur
Que tu semblais aimer laissant monter sa chaleur
Dessous sa tige noire
Les bois accouplés au ciel renferment un œil
Fixe il fait songer à un vaste et beau cercueil
Où l'ombre aime boire
Te souviens – tu quand l'odeur montait des forêts?
Il pleuvait et nous regardions tout effarés
Quelque terre étrangère
C'étaient des pays inconnus de grands oiseaux
S'unissaient au vent merveilleux sur les coteaux
Ivresse passagère
Aujourd'hui le bel édifice s'est éteint
Ici le soleil se divise et perd son teint
De celui – ci ne reste
Qu'un abîme confus et profond à nos yeux
Nous l'avons vu finir ravagé comme un gueux
Par la mort par la peste
Penché contre un balcon feuillu un dieu ancien
Respire le soir qui tombe mais ne voit rien
Puis on rit de sa peine
Cette tristesse s'efface sans aucun bruit
Alors qu'il s'est tourné où la lumière luit
Là – bas derrière un chêne
Ses ailes rigides l'amènent jusqu'en bas
Entre les feuilles stable et grave il marche au pas
Car la vive étincelle
Qui était la sienne n'est plus la trahison
L'a installé dans une rumeur d'horizon
Où la grâce chancelle.
Poème de Bertrand Demagny, illustration d'Aurélie Dekeyser