par l'Enigmatique LB
zebra - Page 333
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Choc des cucultures
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Regain de patriotisme
La Semaine de Zombi. Vendredi : Petit hommage à Albert Dubout.
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Carnet de voyage...
...de Lola (par Aurélie Dekeyser)
(château de Pommiers dans le Beaujolais)
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Qui a peur de Shakespeare ? (4)
Petit feuilleton littéraire estival
Le mystère de la fable
Le halo de mystère qui entoure Shakespeare est donc, pour une part, le résultat d'un malentendu ou de contresens manifestes, disions-nous dans le précédent épisode de ce feuilleton. Quelques dizaines de milliers d'ouvrages ont été rédigés afin de défricher le terrain et permettre une meilleure compréhension du théâtre de Shakespeare ; pourtant, c'est comme si on patinait au lieu d'avancer.
Qui a peur de Shakespeare ? Est-il comme un spectre, hantant notre culture au crépuscule, effrayant comme le diable, et dissuasif pour certains d'entendre son message ?
Si l'on estime, tout comme Freud, que Hamlet est sans doute le portrait de l'auteur des pièces signées "Shakespeare", ne peut-on en déduire que Shakespeare a, comme son héros, beaucoup d'ennemis plus ou moins rusés, et qu'il a pris certaines précautions pour se garder d'eux ?
Parmi les lecteurs et critiques qui, au cours des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, ont éprouvé de l'admiration pour Shakespeare et son oeuvre, certains ont tourné leur veste, tels Voltaire (dénigrant "Hamlet" : "On croirait que cet ouvrage est le fruit de l’imagination d’un sauvage ivre."), Nietzsche (qui finira par avouer sa perplexité, après s'être dit la réincarnation de Francis Bacon, alias Shakespeare), ou encore Claudel (qui préfère Racine, en définitive). La fascination de Polonius pour Hamlet, mêlée de crainte et de ruse machiavélique, n'est pas sans faire penser à l'attitude de tel ou tel commentateur.
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La violence de Hamlet a beaucoup fait jaser : certains l'ont trouvé excessive, à l'encontre de sa mère notamment (Gertrude) ; cette colère a paru incohérente avec l'hésitation de Hamlet à se venger du traître Claudius. Freud s'est perdu en conjectures pour tenter d'élucider le tempérament de Hamlet ; mais le schéma de l'oedipisme nous laisse sur notre faim. Cette incohérence psychologique incite à voir plutôt dans "Hamlet" une pièce tragique, dont le ressort n'est pas principalement psychologique. La violence de Hamlet, ses coups d'épée, sont une violence symbolique, comme celle de nombreux mythes antiques qu'il ne faut pas prendre au pied de la lettre. La mère de Hamlet est comparable à la méchante reine du conte de fée, qui empoisonna Blanche-Neige.
Il est sans doute plus pertinent de prendre Shakespeare pour un auteur de fables ou de contes. Une part du mystère est donc intentionnelle, liée au caractère allégorique de la pièce. Les pièces de Shakespeare sont un peu comme les fables d'Esope, qu'il nous faudrait déchiffrer si elles n'étaient pas suivies ou précédées par une petite explication.
Le choix d'une forme allégorique peut s'expliquer par diverses raisons : le succès de Homère à travers les âges illustre le goût du public le plus large pour la mythologie. Shakespeare comme Homère est apprécié aussi bien par un public lettré que par un public plus fruste. Combien de dramaturges peuvent en dire autant ?
Le parfum de mystère est aussi une incitation pour le public à plonger plus avant dans l'oeuvre, une fois sa curiosité piquée à vif...
Le fossé qui sépare le public contemporain de Shakespeare est sans doute plus difficile à franchir pour ceux qui ne croient pas aux contes de fées, mais plutôt dans le triomphe de la raison sur les mythes du passé.
- Avides de sujets nouveaux, les peintres romantiques se sont emparés des pièces de Shakespeare, qui commencent alors d'être en vogue dans toute l'Europe, et les ont illustrées. Ci-contre, le peintre français Théodore Chassériau a représenté Othello et Desdémone ; le littérateur et peintre britannique J. H. Füssli peint, lui, la démoniaque Lady MacBeth en pleine crise de somnambulisme.
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Front commun
par l'Enigmatique LB
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Caricature Myriam El Khomri
La Semaine de Zombi. Vendredi.
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Dans la Colonie pénitentiaire***
"(...) La violence des hommes faite à d'autres hommes bat tous les records d'audimat (exécutions sommaires, guerres, attentats...) et il n'y a pas l'ombre d'un doute qu'une exécution publique place de la Concorde aurait plus de succès et plus de (télé)spectateurs que n'importe quelle autre festivité...", écrit Sylvain Ricard en préambule de "Dans la Colonie pénitentiaire", nouvelle de Frantz Kafka qu'il a adaptée en BD avec l'aide de Maël (Delcourt - Ex-libris). Ce scénariste démontre ainsi l'actualité de Kafka, qui s'est employé dans plusieurs romans ou nouvelles à dénoncer l'iniquité de la justice moderne.
"Croire au progrès ne suffit pas pour qu'un progrès ait déjà eu lieu" : de fait, Kafka est très sévère avec la religion du progrès et ce nouveau dieu qu'est l'Etat, à qui des millions d'Occidentaux s'en remettent désormais, ayant abandonné leur esprit critique en échange de la promesse de sécurité. A l'instar de l'essayiste Simone Weil, Frantz Kafka était sans doute trop sensible pour ignorer l'oppression moderne, aussi subtile soit-elle, dont la mécanisation/sexualisation des rapports humains est une manifestation évidente. Il n'y a pas de totalitarisme sans éloge de la mécanique et des mécaniciens ; à côté de la mécanique et des armées d'ingénieurs polytechniques à son service - Kafka, ses romans, c'est le grain de sable.
Kafka est si sévère avec la justice et le droit modernes que l'on pourrait presque le qualifier de réactionnaire. Néanmoins, au contraire de Nietzsche, Kafka ne propose pas de doctrine pour remédier à la soumission de plus en plus grande de l'individu à l'Etat et au système judiciaire (voyez comme les avocats du capitalisme et les nostalgiques du stalinisme s'entendent pour fustiger l'individualisme, là où règnent les réseaux sociaux...). Kafka est plutôt une sorte d'aporie : il se contente de faire voir l'impasse où nous sommes rendus ; c'est ce qui rend sa prose aussi oppressante.
Les adaptateurs de "Dans la Colonie pénitentiaire" ont réussi à transposer ce pessimisme lucide, à la limite du cri d'effroi - surtout ne pas transformer Kafka en divertissement (cela donnerait à peu près Charlie Chaplin) !
Dans la colonie pénitentiaire, de Franz Kafka, adapté par Sylvain Ricard et Maël, Delcourt - Ex-Libris, 2007.