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matt groning

  • Passage afghan*****

                Dans le poste de télé, la guerre est bien souvent décrite comme l’affrontement entre les forces du mal et celles du bien, à la manière du fameux jeu vidéo «Call of Duty», qui abolit la frontière entre la tragédie et le divertissement.

                    - Et si j’allais voir de plus près ce qui se passe vraiment ? : qui n’a jamais éprouvé cet élan de curiosité, fanzine,zébra,bd,ted rall,critique,passage afghan,afghanistan,matt groning,taliban,reporter,joe sacco,boite a bulles,coree du norddepuis son canapé ?

                    Le dessinateur de presse américain Ted Rall est passé à l’acte, lui : il s’est rendu en Afghanistan, après avoir balayé l’inquiétude de ses proches (et la sienne) par un : - Si les Afghans sont capables de vivre toute l’année dans cet enfer, je dois bien pouvoir tenir trois semaines !

                    Et il en est  revenu avec un reportage, «Passage Afghan» («To Afghanistan & back»), dédoublé ou redoublé, puisque le témoignage de T. Rall est à moitié sous la forme d’un compte-rendu, l’autre partie en BD, dans un style inspiré par Matt Gröning. Sur le fond, le témoignage de Ted Rall glace le sang. Qui ne croit pas à l’enfer sera désillusionné.

                 Le pire, à lire, n’est pas le constat (prévisible) de T. Rall, que les soldats, sous des uniformes différents, font tous le même métier, et que ce n’est pas celui d’enfant de chœur. Bien plus inquiétante s’avère la stratégie de la guerre moderne, décrite par le dessinateur-reporter, qui incorpore les caméras et la presse, tout l’arsenal médiatique, sous prétexte d’information.

                    « On m'interroge souvent sur les mécanismes de censure des médias aux Etats-Unis ou plus précisément sur l'autocensure. Je pense qu'il ne s'agit pas tant d'un problème de mensonges délibérés - encore que cela puisse se produire - que d'un principe d'omission permettant aux médias de conserver leurs relations avec des politiciens et décideurs importants considérés comme des sources potentielles d'information. (...) »

                    Le moins qu’on puisse dire, c’est que Ted Rall ne prend pas de gants, moins encore que son confrère Joe Sacco, pour critiquer les grands médias audiovisuels occidentaux et leurs « mensonges par omission », dont il fournit quelques exemples précis, à propos du Vénézuela ou de la Corée du Nord.

     

    « Passage afghan », Ted Rall, La Boîte à Bulles, 2004.

    (Critique parue dans Zébra n°3)