Les Gilets jaunes, mouvement qui représente une volonté de changement politique en profondeur, et non une volonté de remplacement du monarque républicain par un autre, doivent se méfier du romantisme de la lutte des classes, qui constitue le fond de sauce de la démagogie des "Insoumis" de Jean-Luc Mélenchon. Le romantisme de la cause palestinienne en découle, et il n'est pas moins illusoire, voire dangereux.
La neutralité idéologique est un atout pour les Gilets jaunes, dans la mesure où l'idéologie est utilisée par l'oligarchie comme une bombe à fragmentation de la classe moyenne.
Selon Karl Marx, qui donne un sens précis à la notion de "lutte des classes", celle-ci a pris fin en France en 1850. En effet, la paysannerie française accorda alors largement ses suffrages à Louis-Napoléon Bonaparte, bien que celui-ci fût soutenu par la grande bourgeoisie industrielle, et que Napoléon III mènera pour le compte de cette bourgeoisie une politique industrielle ; l'attaque de l'Allemagne de Bismarck s'inscrit dans le prolongement de cette politique industrielle. La classe paysanne avait donc voté contre l'intérêt de sa propre classe, inaugurant une longue tradition de cocufiage des Français par le suffrage universel (et par l'Education nationale, qui leur enseigne que le suffrage universel est une modalité de la démocratie).