Les Gilets jaunes doivent-ils se réjouir de la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle, quatre ans après sa défaite in extremis face à Joe Biden ?
Quelques-uns le font et l'expriment sur les réseaux sociaux. Il est vrai que Donald Trump affrontait l'artillerie des médias oligarchiques, que les Gilets jaunes ont affrontée, eux, "à mains nues", en plus des 35.000 CRS de la garde prétorienne de l'Elysée. Il est vrai que Donald Trump est le candidat d'une classe moyenne américaine privée de représentant, et qui s'interroge sur la nécessité des raids de l'aviation américaine un peu partout dans le monde, pour assurer la défense du "monde libre", suivant un scénario digne d'Hollywood.
Il est vrai que le parti démocrate est responsable de l'exode de près de dix millions de familles ukrainiennes, suivant un plan dont la CIA n'a jamais divulgué le but ultime, ni aucun média, puisque, à ce jour, les circonstances de l'attaque terroriste contre le gazoduc allemand NordStream n'ont toujours pas été tirées au clair.
Il est vrai que Kamala Harris a interdit à la presse de l'interroger sur la situation critique des villes palestiniennes pilonnées dans la bande de Gaza au cours des dernières semaines de sa campagne électorale. Il ne fait pas de doute que Kamala Harris est l'instrument d'un appareil d'Etat agissant dans l'ombre, comme Barack Obama et George Bush Jr avant elle ; prévoyant sans doute la victoire du parti républicain, M. Zuckerberg a récemment admis que son réseau social Facebook avait subi de fortes pressions de la part des services de renseignement américains pendant le mandat de Joe Biden.
Tout cela est vrai, mais ne doit pas faire oublier ce qu'est un démagogue capitaliste. C'est un caméléon : - qu'on se souvienne de ce que le démagogue François Hollande incarnait aux yeux de ses électeurs : - la mise au pas des puissances financières, peu de temps après le krach mondial dévastateur de 2008. Résultat ?
Donald Trump ne fait que surfer habilement sur le vieux rêve d'instauration d'une démocratie en Amérique des pères fondateurs, rêve mis à mal par la seconde guerre mondiale, à la faveur de laquelle "l'Etat profond" satanique s'est constitué. Le discours de D. Trump sonne donc comme le nom de la Terre promise aux oreilles des disciples de Moïse ; il est conçu pour ça.
Mais à aucun moment Donald Trump n'explique à ses électeurs comment il va affranchir les Etats-Unis de la religion du dollar, religion commune aux démocrates et aux républicains, sans laquelle l'administration impérialiste de Washington n'existerait pas. Le bitcoin ? Un joujou pour collégiens auquel Trump lui-même ne croit pas.
Impossible de lutter contre l'Etat totalitaire hyper-centralisé sans lutter contre le capitalisme, puisqu'il est la première cause de la concentration du pouvoir. Aucune nation ne confirme l'analyse marxiste mieux que les Etats-Unis. Selon Karl Marx, la théorie de l'Etat régulateur est aussi fausse que celle du ruissellement : la gauche européenne se situe donc en aval d'une théorie - le ruissellement (plus providentielle que véritablement théorique) - que par sa théorie de l'Etat régulateur elle conforte. Le modèle de la gauche européenne, c'est la Chine ! Paradoxalement les partis de gauche européens sont plus capitalistes que les partis de droite.
Les Gilets jaunes feraient bien de s'affranchir d'un abus de pouvoir qui prend la double forme de l'Etat technocratique centralisé ET de la religion capitaliste du ruissellement : Charybde et Scylla. Ils sont le fondement de politiques économiques extrémistes.
Certains se plaignent - à juste titre - de l'inflation des normes juridiques : cette inflation est signalée, dès la fin du XIXe siècle, comme un effet du capitalisme par Marx. L'Etat non-pragmatique (totalitaire) est un Etat capitaliste.