Dans les monts l'été de ma main tendit la fleur
Que tu semblais aimer laissant monter sa chaleur
Dessous sa tige noire
Les bois accouplés au ciel renferment un œil
Fixe il fait songer à un vaste et beau cercueil
Où l'ombre aime boire
Te souviens – tu quand l'odeur montait des forêts?
Il pleuvait et nous regardions tout effarés
Quelque terre étrangère
C'étaient des pays inconnus de grands oiseaux
S'unissaient au vent merveilleux sur les coteaux
Ivresse passagère
Aujourd'hui le bel édifice s'est éteint
Ici le soleil se divise et perd son teint
De celui – ci ne reste
Qu'un abîme confus et profond à nos yeux
Nous l'avons vu finir ravagé comme un gueux
Par la mort par la peste
Penché contre un balcon feuillu un dieu ancien
Respire le soir qui tombe mais ne voit rien
Puis on rit de sa peine
Cette tristesse s'efface sans aucun bruit
Alors qu'il s'est tourné où la lumière luit
Là – bas derrière un chêne
Ses ailes rigides l'amènent jusqu'en bas
Entre les feuilles stable et grave il marche au pas
Car la vive étincelle
Qui était la sienne n'est plus la trahison
L'a installé dans une rumeur d'horizon
Où la grâce chancelle.
Poème de Bertrand Demagny, illustration d'Aurélie Dekeyser
Commentaires
la poésie et l'illustration comme on l'appréciait dans notre jeunesse