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Hollande et ses 2 femmes***

La BD de Renaud Dély (scénariste chargé de l'info sur "France-Inter") et Aurel n’est ni un pamphlet, ni 

webzine,gratuit,bd,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,hollande,ségolène royal,renaud dély,aurel,valérie trierweiler,françois mitterrandune satire comique, contrairement à ce que son titre boulevardier pourrait laisser croire. C’est plutôt un portrait biographique du nouveau président. Je dis «nouveau», bien que François Hollande paraît déjà usé; mais, ce qui s’use à toute vitesse, en réalité, ce ne sont pas tant les hommes que le «marketing» politique et les belles promesses de campagne. Le jour où vous vous rendez compte que le père Noël n'est pas ce que vous croyez, vous ne pouvez vous en prendre qu'à vous d'y avoir cru.

Il fallait remplacer le soldat Sarkozy, bien trop amoché par la crise et la contradiction flagrante des martingales libérales par la faillite du système libéral : F. Hollande a su saisir le coche.

 

Quel homme se cache derrière le discours de pondération radicale du terroir corrézien, qui a permis à F. Hollande de l’emporter ? Cette biographie en BD permet de le découvrir partiellement. Il semble que ses conseillers en com’ n’ont pas eu beaucoup à se creuser les méninges pour faire de Hollande un homme normal, assez sympathique pour cette raison – somme toute un type en conformité avec l’idéal démocratique, comme son prédécesseur était conforme à l’idée de compétition ; comme la vie sociale est bien plus soumise à l’esprit de compétition, Hollande risque d’être accusé de jouer un double jeu (il l’est déjà).

 

La vie sentimentale du président met un peu de piment dans la sauce, certes, mais pas tant que ça. Le «divorce» (ils ne sont pas mariés, mais « ça revient au même », dit François Mitterrand à Ségolène Royal) entre François et Ségolène était inéluctable: leurs carrières politiques respectives les accaparaient autant l’un que l’autre. F. Hollande trouve en Valérie Trierweiler une assistante plus dévouée. Son "twitter" gaffeur et plein de jalousie prouve qu’elle est, elle aussi, on ne peut plus normale. Pratiquement, malgré sa connaissance des arcanes politiques, madame Royal aurait sans doute été trop encombrante pour F. Hollande.

 

Tous ces gens normaux, aux prises avec une réalité qui semble les dépasser, ne dirait-on pas qu’il y a quelque chose qui cloche ? Pas forcément : le personnage du politicien fait bien partie de la tragédie, qu’il soit un grand personnage, fin stratège couvert de gloire comme César, soi-disant le descendant de Vénus, ou bien falot et en proie au questionnement existentiel, comme Richard II d’Angleterre ; il fait bien partie de la tragédie, mais le tragédien nous le montre toujours, agissant inconsciemment et comme dans un rêve. La politique est donc toujours décrite dans la tragédie comme un niveau de conscience subalterne. De tous les souverains « inconscients », le peuple est sans doute celui qui l’est le plus. Il ne sait même pas qui l’a couronné, ni où, ni comment, ni pourquoi ?

Hollande et ses 2 femmes, R. Dély & Aurel, Glénat, 2013.

 

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