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elias lonnrot

  • Sept Saisons***

    Retour au Kalevala : Ville Ranta nous entraîne de nouveau dans ces contrées septentrionales que l’onwebzine,bd,gratuit,zébra,fanzine,bande-dessinée,critique,kritik,sept saisons,ville ranta,kalevala,elias lönnrot,poésie,hans nyman,finnois,pasteur,puritain,oulu nomme aujourd’hui « Finlande », au bord de la mer Baltique, mais qui était encore à la fin du XIXe siècle où se situe l’action un grand duché de l’empire russe. Ceux qui se plaignent du réchauffement climatique apprécieront peut-être cette rafraîchissante BD traduite du finnois.

    Ville Ranta avait fait d’Elias Lönnrot le personnage principal de son opus précédent, s’inspirant librement de la vie de ce médecin de campagne qui écrivit une compilation des contes et légendes de son pays. C’est cette fois Hans Nyman, jeune veuf intriguant pour être élu pasteur de la petite ville d’Oulu, qui joue le rôle principal. Comme souvent dans les pays nordiques, plus « féministes » que les pays latins, les femmes ne sont pas en reste : trois sœurs tâchent de s’adapter chacune à leur manière à cette vie austère.

    Comme toujours dans les milieux paysans pauvres, sévit une morale puritaine stricte. Le travail passe bien sûr avant tout, et la religion est faite pour justifier cette priorité. Notre jeune candidat se console bien de son veuvage avec la bonne, mais ses goûts et les fonctions pastorales auxquelles il aspire en font presque une sorte d’aristocrate. Très vite les écarts de conduite d’Hans Nyman sont connus de tout le village, et son élection est compromise.

    En somme il ne se passe pas grand-chose dans cette BD – l’élection d’un pasteur protestant est à peine plus passionnante que celle d’un président de la République française -, et c’est tout le mérite de Ville Ranta de faire de ce pas grand-chose un moment de poésie.

    L’auteur excelle en particulier dans un dessin et une mise en couleur simples et efficaces, là où la sophistication serait mal venue. Le sujet du livre, malgré le dépaysement qu’il propose au lecteur français, reste l’âme humaine, et ce concept on ne peut plus vague réclamait un tel traitement impressionniste.

     

    Sept Saisons, Ville Ranta, éd. ça & là, 264 p., 2013.

  • L'Exilé du Kalevala***

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    Ville Ranta a le mérite des peintres impressionnistes, celui de nous faire ressentir le paysage ou le climat qu'il peint. Ici l'action se situe en Finlande, sous une bonne couche de neige, au milieu des forêts et du froid, là où personne en principe ne choisira de vivre, à moins d'un dégoût profond de la société et des hommes.

    Les vieux routiers de la BD on coutume de dire qu'elle est plus une affaire de récit que de dessin. Ville Ranta fait exception à la règle : son dessin, entre le croquis sur le vif et la manière expressive de Roald Dahl, est la meilleure part de son art, adapté aux sujets païens.

    Quant à l'intrigue, elle est secondaire. Ranta brode autour de la bio d'Elias Lönnrot (1802-1884), médecin de campagne et poète. Celui-ci est connu pour avoir compilé la culture populaire de son pays dans le chant unique du Kalevala, la rendant plus accessible, suivant une mode en vigueur au XIXe s. dans presque tous les pays, mais en réalité il ne se passe pas grand-chose d'autre que l'éternel retour des amours ancillaires, des corvées d'abattage du bois et des cuites monumentales. Les authentiques paysans peuvent s'abstenir de lire cette BD, qui ne leur apprendra rien ; les zombies dans le gaz et la tiédeur des villes apprécieront le dépaysement.

    "L'exilé du Kalevala", par Ville Ranta, 2010, éds. ça et là
     
    Z.
     
    - J'en profite pour donner l'adresse du blog de Ville Ranta