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immigration - Page 2

  • Editorial Cartoon

    Zébra propose une revue de presse des meilleurs dessins de la semaine (editorial cartoons) repris de la presse internationale ; pour le meilleur et le pire, le genre connaît un regain grâce à internet, qui permet aux non-professionnels de s'exprimer et aux professionnels de publier des dessins qui n'ont pas été retenus par leur rédaction.

    Ce dessin a déjà quelques semaines, mais il illustre bien la situation du dissident Julian Assange, réfugié dans l'ambassade d'Equateur, ainsi que l'état des libertés individuelles au Royaume-Uni, dont le déclin semble amorcé depuis plusieurs décennies. Scotland Yard disposerait d'un budget d'environ dix millions de dollars rien que pour surveiller Assange. Dessin d'Allan MacDonald, du Honduras.

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    Ce dessin de l'Allemand Rainer Ehrt élève le débat sur la guerre froide et les problèmes d'immigration, rarement traités autrement que d'un point de vue électoraliste franco-français, aussi bien par la gauche que par la droite, et d'une façon encore plus contestable dans le cadre scolaire. Le journaliste Eric Zemmour, représentant à travers "Le Figaro" de l'industrie de l'armement française a parfaitement raison de dire qu'il est malsain d'envisager le colonialisme sous un angle moral culpabilisant ; ce qu'il oublie de dire, c'est que cette manière de traiter le colonialisme est le meilleur moyen de ne pas le traiter, ainsi que Rainer Ehrt le fait, comme une question d'actualité ou une question d'histoire. Par conséquent la moraline fait le jeu des industriels qui emploient Eric Zemmour.

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  • Demain, Demain****

    Nanterre, Bidonville de La Folie (1962-66)

    Cette BD est un reportage rétrospectif sur l’un des aspects les moins glorieux des «Trente webzine,gratuit,bd,zébra,bande-dessinée,fanzine,critique,kritik,demain,laurent maffre,actes-sud bd,guerre,algérie,immigration,fln,eldorado,la folie,nanterre,btp,rue de la garenneGlorieuses» : le bidonville de Nanterre, où fut entassée dans des cabanes insalubres, une main-d’œuvre d’origine algérienne employée dans le BTP. Dans ce campement précaire, dit «La Folie», rue de la Garenne, environ 1500 ouvriers célibataires et 300 familles s’établirent au début des années 60.

    Ce reportage a le mérite d’aborder la question de l’immigration d’une manière que les débats politiques empêchent, versant systématiquement dans le registre émotionnel ou sentimental pour des raisons électorales. D’une certaine façon, la condition des immigrés s’est aggravée par rapport aux années 60, en raison du défoulement hystérique et des fantasmes dont cette catégorie de la population est l’objet.

    Les différentes facettes du problème sont abordées sans fausse pudeur : cette main-d’œuvre algérienne est à la fois victime de sa propre bêtise et de son appât du gain ; elle franchit le cap en croyant que la France est une sorte d’Eldorado pour tous, où les richesses sont également réparties ; et l’industrie du BTP, avide d’une main-d’œuvre corvéable, est la première bénéficiaire de cette duperie. L’ambition familiale traditionnelle fait le jeu de l’industrie moderne, pratiquement sur le modèle de la conscription militaire et sa tactique sous-jacente.

    L’accent n’est donc pas tant sur les brutalités policières, occasionnelles, que sur un système économique qui, dans ces années, ne connaît pas encore les ratés qu’il connaîtra dès le début des années 70. On devine que la mesure de «regroupement familial», derrière l’apparence humaniste ou compassionnelle, ne l’est pas seulement, mais aussi une mesure profitable en termes d’encadrement d’une population d’ouvriers pauvres, dont la tendance à se tenir à carreau est redoublée du fait de la charge de famille (et les salaires touchés sont dépensés en France). Le cas de figure du regroupement familial est typique de la manière publicitaire dont les politiques libérales endossent les habits de l’humanisme.

    La guerre d’Algérie, dont le bilan très lourd (200.000 morts du côté algérien) ne sera connu que plus tard, place bien sûr «La Folie» de Nanterre en état d’ébullition. La manifestation du 17 octobre 1961 est, là encore, évoquée avec pudeur, du point de vue d’ouvriers pauvres qui n’avaient pas grand-chose à gagner à obéir aux ordres du FLN, ne pouvant se payer le luxe d’être « idéalistes ». On voit ici à quel point le sentimentalisme (ici le sentiment nationaliste pro-Algérie) imprime à l’homme le mouvement le plus erratique.

    Je fais sans doute un compte-rendu quelque peu « anarchisant » de cette BD, mais il ne me paraît pas inexact de dire que ce reportage dessiné est assez exemplaire du témoignage dont il est difficile de tirer une conclusion idéologique quelconque, au service de tel ou tel parti. Cette quasi-absence de parti pris ou d’engagement est assez rare à l’heure où la lecture de la presse est devenue aussi enthousiasmante que celle du GPS, puisqu’elle consiste à fournir des coordonnées idéologiques ou identitaires au lecteur afin de le conforter.

     

    « Demain, Demain », Laurent Maffre, Actes-Sud BD, 2012.