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The Pig Lebowski

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REMAKE DE «THE BIG LEBOWSKI» DES FRÈRES COHEN

Le pitch : A force de rien foutre et glander en robe de chambre, le Dude est devenu un gros porc. Il ne prend plus la peine de changer l’eau de sa baignoire, garde toujours les mêmes vêtements sur lui et ne réagit pas quand des malfrats s’introduisent chez lui et pissent sur son tapis (du coup y’a plus d’histoire vu que c’était le déclencheur de l’intrigue). Il ne va même plus jouer avec ses potes au bowling ! C’est dire son activisme… Pas étonnant dès lors qu’une queue de cochon lui pousse dans le dos et que son pif se transforme en groin.

Pour résumer le pitch de l’histoire, ça pourrait être : «C’est l’histoire d’un type qui ne fout rien. End of story».

Heureusement que le producteur a fait appel à Sofia Coppola pour la réalisation sinon ça aurait rapidement viré émission de téléréalité «Le grand ménage», où des femmes de ménage viennent nettoyer un appartement immonde (sauf que là y’aurait pas de femme de ménage).

Faut dire que Sofia sait parfaitement filmer l’ennui ou la vacuité (voir entre autres «Lost in translation» et «Somewhere»). Du coup les images sont belles, les longs travellings sur l’appartement donnent l’impression que la crasse équivaut à la grâce, Jeff Bridges est tellement mis en valeur qu'on croit qu'il atteint le nirvana à force de ne plus penser ni rien vouloir et tous les moments de silence (99% du film) sont dignes de 2001 l’Odyssée de l’espace.

Le film rafle quasiment tous les oscars (seul celui des effets spéciaux lui échappe, mais en même temps y’en a pas). Godard dit qu’il n’a jamais rien vu d’aussi poétique depuis «Gros dégueulasse» (adaptation cinématographique de la BD de Reiser réalisée en 1985 par Bruno Zincone). Lars Von Trier qui avait entamé un remake de «La grande bouffe» de Marco Ferreri abandonne le projet car il affirme ne pas pouvoir faire mieux. Même la télé réalité reconnaît la portée du film en lançant «Bienvenue chez le Dude».

Le «Beau sale» fait figure de nouveau courant comme l’était «La nouvelle vague» dans les années 60.

- Autant dire qu’on est loin du slogan «Travailler plus pour gagner plus», commente Joséphin Prizdeutaite dans les «Cahiers du cinéma». La crise est passée par là. L’art aussi. Les chefs d’œuvre seraient-ils flegmatiques ? Et le sale serait-il l'apogée du beau ?

- Aujourd’hui le crade est devenu tendance, se permet de commenter Yveline Analyzedlamorkitu dans «Positif». - C’est la faute aux bobos et leurs barbes de trois jours parfaitement taillées. On a fini par en avoir marre du faux sale. Les gens veulent du vrai aujourd’hui, et pas seulement dans la crasse, dans la glande aussi (avis aux tocards de l’oisiveté tendance Doc Gynéco), dans le vide (là au moins on fait pas semblant de raconter quelque chose) et dans la promotion sans concession sur les plateaux de télé (trois mots à peine prononcés par Jeff Bridges dans le Grand journal de Canal + quand on l’interroge sur sa prestation et le temps qu’il a fallu pour faire le film : - Damn fucking shit, aye ? (On s’est bien foutu de votre gueule, hein ?).

Naumasq

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